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LE VERRE DE SANG

Pour Catulle Mendès.

Debout dans une pose un peu théâtrale, le visage en avant, le bras droit pendant, comme affaissé le long d’elle-même, tandis que de l’autre elle s’appuie à la lourde draperie de la fenêtre, un craquant satin mauve tout bossué d’héraldiques chardons d’argent, du regard elle scrute et fouille la cour de l’hôtel et, derrière la grille, l’avenue encore déserte dans l’air bleu du matin, entre ses marronniers en retard cette année, au feuillage à peine vert.

Derrière elle, le haut et vaste hall aux murs tendus de blêmissantes soieries, le parquet clair, inquiétant avec ses luisants de miroir et, seule note un peu vivante de cet intérieur somptueux et glacial, presque sans meubles, sans un bibe-