Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/121

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chez la marquise, et toute la faiblesse de la dame pour le chantre des yeux venait, prétendait le journaliste, d’avoir été piédestalisée en vers néo-grecs des Batignolles par ce bœuf en chambre de poète trop gras.

Néo-grecs les vers, néo-grecque aussi la femme. Consciente de sa beauté, elle en avait ce soir-là aggravé le caractère inquiétant par un décolletage ingénieux de statue ; drapée, moins que drapée, dans un pungée de Chine d’un rose soufre qui pâlissait encore aux lumières, comme nue dans l’étoffe molle et souple adhérente à un corps, sur lequel il semblait n’avoir rien, ni dessous, ni chemise, c’est dans le modelé rythmique et chastement osé d’un antique qu’elle promenait ce soir-là la nudité de ses épaules et de ses bras fuselés. Outrageusement offertes, les épaules jaillissaient toutes blanches d’une blouse flottante, comme prête à glisser.

Une coiffure à l’Alma-Tadéma, les cheveux courts et frisotés sur la nuque et tassés sur le front sous d’étroites bandelettes, un large cercle d’or mouvant autour du buste et, en place de manches, deux énormes camées en faisaient ce soir-là une très incitante et moderne