Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/128

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un visible mépris dans les yeux pour l’indifférente et futile jeune femme !

À quoi la marquise d’Osborne, du ton le plus naturel : « Voilà pourquoi, messieurs, je me suis opposée à cette imprudence, disons même à cette folie. Si mauvaise que je sois, je n’ai jamais noyé personne.

« Aussi ai-je fait atteler, et Morland, que mon coupé a conduit à Dieppe, ne peut plus tarder beaucoup à rentrer. Seulement je n’était pas fâchée de connaître votre opinion sur cette équipée.

Et devant un mouvement des quatre hommes.

« Il n’y a plus de doute là-dessus. Vous l’avez tous trouvée stupide et folle, n’est-ce pas, et vous m’avez tous blâmée.

« Et lui, quel imbécile, hein ?

« Risquer sa vie pour le caprice d’une coquette comme moi ! Je suis enchantée, messieurs, du petit renseignement. Dans le monde on a toujours besoin de s’éclairer.

« Aussi vous ne vous étonnerez pas trop, n’est-il pas vrai ? et vous m’en voudrez encore moins, quand Monsieur Morland rentrera avec la partition, si je vous congédie et si je le retiens pour la lui chanter, à lui seul. Avouez qu’il l’aura bien gagné ! »