Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/161

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II

Et quand elle m’eut raconté cette histoire, où sombraient l’honneur et la moralité de mon ami : « Claudius a toujours eu la folie de ce visage », concluait-elle en désignant l’étrange photographie, « la folie de ce sourire et de ces yeux, que vous retrouverez en gravure en tête de son volume de vers ; c’était une obsession, une maladie. Ce sourire et ces yeux, quand il les a rencontrés dans la réalité animés du charme de la vie, l’exaspéré et le passionné qu’il était, s’est trouvé subjugué, sans armes contre lui-même et son désir. Ce visage enivrant, la fatalité a voulu que ce fût un homme qui le portât, d’où son étrange passion dont il se meurt au reste, mais nous le sauverons à nous deux, n’est-ce pas ? »

L’Anglaise avait dit cela froidement, d’une voix lente, presque avec un sourire, svelte et veloutée dans sa robe sombre comme un sphinx de