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II

Le lendemain, Serge ne vint pas : accompagné de son ancienne maîtresse, j’allais directement rue Saint-Guillaume, je m’y heurtais à une consigne inflexible : trois jours après cette dernière démarche, j’apprenais que Serge avait quitté Paris ; sans nouvelle de lui pendant près de onze mois, je recevais, ce dernier automne, dans la dernière quinzaine d’octobre, un pli cacheté contenant ce manuscrit :


JOURNAL DE SERGE


Oran, le 4 janvier. — Cinq heures : la Méditerranée, d’un bleu gris et voilé à peine différent du bleu vaporeux du ciel, fait un fond d’une douceur extrême aux fortifications, remblais et demi-lunes couronnés de feuillage, qui longent le Ravin Vert ou l’Oued Rehki, le grand