Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/214

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journée, mais parce que je n’en pouvais plus d’inquiétude. Devant ce silence, cette absence j’ai imaginé tout et toutes les bêtises, un accident de cheval, un duel et pis encore, que sais-je ? Sait-on jamais avec vous, dans la cavalerie ! et je suis accourue… Monsieur n’y était pas, permission de deux jours, parti dans sa famille… Était-ce bien sa famille ?

Et comme cela me serait égal, mon ami, que tu en aimes une autre, s’il y avait encore une petite place pour moi dans cet amour. La chambre de bonne, oui, je m’en contenterai dans ta vie ; quand on aime, on n’est pas fier et je consentirais très bien à monter par l’escalier de service, si c’était toi qui m’en ouvrais la porte et si, à la dernière marche, j’étais sûre de m’abattre sur ta poitrine et de sentir tes lèvres s’appuyer sur les miennes, ton cœur comme autrefois battre à grands coups contre mon cœur.

Tu me grondes de ma fugue à Versailles comme d’une équipée et me pries de ne plus y mettre les pieds à l’avenir ; tu m’allègues tes chefs, le mauvais effet vis-à-vis tes camarades, des réflexions qui auraient été faites, que sais-je… enfin mon élégance trop particulière et trop voyante de… fille, il fallait être franc et écrire le mot :