Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la bonne copie et se souciant, il faut voir, de la douleur née par lui et pour lui, le doux et bon poète.

Les autres bons poètes, ses confrères, ne peuvent le renier, celui-là ; il est bien de la race ingrate des rimeurs.

Tu as, je ne sais par quel hasard (car tu ne lis guère) découvert cette apologie de l’ingratitude et tu me l’envoies, tranquillement, recopiée de ta main sur vélin de nuance mauve et pas signée (une délicatesse), de façon que je puisse au besoin croire à une inspiration personnelle.

Malheureusement, j’ai de la lecture (dans notre métier, nous, filles de théâtre, nous sommes bien forcées de lire) et je les ai reconnus et salués au passage, tes vers, comme on salue ici un financier véreux ou une vieille femme encore galante. Tu aurais pu les signer, va, ces vers, ils n’en auraient pas moins déshonoré leur auteur.

Tu me fais vraiment pitié, mon pauvre ami.

Je joue mardi prochain, l’autre, dans un bénéfice : j’y remplis un rôle d’homme, que j’ai demandé rien que pour une tirade autrement humaine et intéressante que les râles d’impuissant