Page:Lorrain - Buveurs d’âmes, 1893.djvu/269

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D’ailleurs, il adore les femmes et en est fort goûté ; je ne te dirai pas qu’il les couvre d’or. D’abord, s’il les payait, en serait-il aimé ! Mais il leur vend ses chevaux moins cher qu’à leurs amants et, dans ce cas, ne refuse pas d’accepter de leurs mignonnes mains un souvenir, un bijou ; entre maquignons cela s’appelle une épingle. Mais, en revanche, quelles délicates attentions, quelles utiles complaisances n’a-t-il pas pour elles ! Est-il informé de l’arrivée d’un riche étranger dans nos murs, prévoit-il la visite d’un client sérieux dans ses écuries, vite un petit bleu à miss Kimayfleur, à Thérèse Avril ou Nini Pigetout et, à l’heure dite, à l’entrée du gros client chez ce bon Jones, Nini Pigetout, Thérèse Avril ou miss Kimayfleur se trouvent là comme par hasard, toutes délicieuses dans leur robe de laine de jolie sportswomen, l’œil brillant, les joues éblouissantes sous l’ombrelle de gaze rouge à manche d’or : elles sont venues, elles aussi, pour le fameux attelage, la jolie paire de chevaux, et si le client sérieux tenté par l’occasion se décide à l’acheter, l’attelage, sois sûr qu’avant la fin du mois il est offert à l’une de ces trois dames par le très épris amateur : une vraie Providence pour les femmes, M.