— Hier encore, j’ai dîné avec eux.
— À la villa des Lierres ? Vous êtes un veinard. Et Nor-Saluces se tournant vers le groupe : « Il paraît que c’est d’un luxe ! des cordons d’orchidées serpentant sur les nappes, des couteaux en vieux saxe et du cristal de roche gravé au lieu de vaisselle plate.
À quoi l’imperturbable Stourdof : « Je vous y conduirai, monsieur de Nor-Saluces, si cela peut vous être agréable. Avant trois jours, vous y aurez dîné. »
— Et j’aurai vu ses yeux, ses invisibles yeux qui tiennent du miracle ? ripostait le marquis, soit, j’accepte. Elle a peut-être un teint, après tout. Est-ce qu’on sait sous son voile, puisqu’elle a des yeux ?
— Elle a un très joli teint, déclarait Stourdof de sa voix caressante et pourtant implacable.
— Et ses cheveux sont naturels ? interrogeait railleusement le marquis.
— Ce sont les cheveux des autres qui sont teints, reprenait lentement le Slave, il y a quinze ans que je connais Nelly, ils étaient plus dorés, plus lumineux encore qu’ils ne sont aujourd’hui, et pourtant, quand Nelly se coiffe le matin, elle peigne l’Aurore.