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PROLOGUE


II


« Les lions chevelus te suivront dans Tempées
« Subjugués, seul debout dans la nature enfant
« Tu seras le rôdeur des roches escarpées,
« Qui songe dans l'aurore et le soleil levant ;

« Celui que les Sylvains et les blanches Napées
« Du fond de la vallée admirent en rêvant,
« Dressé sur l'horizon aux larges échappées,
« Le front dans le vertige et les pieds dans le vent,

« Et ton nom fleurira chez les rois et les pâtres ! »
Elle dit, et levant sous ses voiles bleuâtres
Ses beaux bras nus, chargés d’or et d’anneaux croulants,

La Muse, d’astres clairs et de rayons coiffée,
Pendit la grande lyre entre les thyrses blancs
Du fin berceau d’ivoire où vagissait Orphée.