Aller au contenu

Page:Lorrain - Modernités, 1885.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Les lèvres par le froid gercées
N’ont plus de sourire et, glacées,
Les railleuses filles d’amour,
Suant la peur et la misère,
Se débattent sous l’âpre serre
De leurs amants de carrefour !
 
C’est en vain que j’ai voulu rire.
Ma joie était une satire :
Le rêve ardent, que je rêvais,
M’a laissé du sang sur la joue
Et j’ai répandu de la boue
Dans l’humble verre, où je buvais,
 
Je me suis brûlé dans la fête !
Clown ébloui tombé du faîte,
J’ai voulu rire et j’ai pleuré
Et, sous la gaîté qui me grise,
Je sais au fond qui je méprise
Dans ce livre d’homme écœuré !
 
Modernité, Modernité
Sous le sarcasme et la huée
La nudité prostituée
Saigne au fond de l’éternité.