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PRINCE HÉRITIER


À Élémir Bourges.


Râblé, roux et velu : des paupières meurtries
Sur d’étranges yeux verts, des éclats de métal
Dans la voix sourde et basse, instinctif, animal
Il est le digne enfant de ces races pourries.

Il a d’abord aimé les bougres d’écuries,
Les boys, les palfreniers, les lutteurs et le bal
À soldats, puis le bouge, où le plaisir brutal
S’achète au prix du sang des rouges soûleries.

Maintenant ce beau fils hautain et crapuleux,
Aime un corps blanc de femme aux gestes onduleux,
À la parole lente, à la bouche haineuse.

Une âme italienne habile aux trahisons,
Qui distille et cuisine en riant les poisons,
Glauque amour de chat-tigre et de fleur vénéneuse.