IV
DÉCADENCE
Saphus aux cheveux d’ambre, aux yeux de mauvais ange
Est gras, blême et malsain comme un grand nénuphar
Poète de Lesbos, ses vers sentent le fard,
Le cold-cream et parfois un parfum plus étrange,
Grand rôdeur de cuvette et rôdeur avec art,
Il excelle à poudrer d’un givre d’or la fange
Et l’eau des mauvais lieux, et praline à l’orange
Des poèmes douteux, qu’on goûte au boulevard.
Il est souple, charmeur, plein de déliquescence ;
Joli comme un éphèbe en pleine adolescence ;
Comme la pourriture il est phosphorescent :
Mais il se connaît trop et, plein de défiance,
Professe le mépris de tout talent naissant
Et le culte des morts, qu’il pille en conscience.