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Page:Lorrain - Modernités, 1885.djvu/85

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J’avais pris la douce habitude
D’aller les attendre en chemin,
Des pinceaux, une ancienne étude…
L’ombre d’un prétexte à la main.

Assis au tournant des trois routes
Dans l’âpre et bonne odeur du foin,
J’épiais, le cœur aux écoutes,
Leurs pas rythmés sonnant au loin.

L’attente était délicieuse :
Sous le ciel implacable et pur
La campagne silencieuse
Roulait ses vagues de blé mûr.

Mais cette attente était un crime
Qu’un mot m’a fait payer bien cher.
Pourquoi l’azur est-il abîme,
Pourquoi la fleur a-t-elle un ver ?

Vautré parmi les épis grêles,
Un matin, qu’invisible, heureux,
J’écoutais mes deux tourterelles
Passer au fond d’un chemin creux,