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Page:Lorrain - Sensations et Souvenirs, 1895.djvu/153

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je commencé à descendre. «  C’est votre capuchon qui vous bouche les oreilles, vous n’avez pas l’habitude du masque  », pensait à haute voix de Jakels qui avait pénétré mon silence : i avait donc ce soir toutes les divinations et, retroussant mon domino, il s’assurait de la finesse de mes bas de soie et de mes minces chaussures.

Ce geste me rassurait, c’était bien de Jakels et non un autre qui me parlait sous ce domino, un autre n’aurait pas eu souci de la recommandation faite à moi par de Jakels il y avait une semaine. «  Hé bien, nous partons  », commandait la voix, et dans un bruissement de soie et de satin qu’on froisse, nous nous engouffrions dans l’allée de la porte cochère, assez pareils, il me sembla, à deux énormes chauves-souris, dans l’envolement de nos camails soudainement relevés au-dessus de nos dominos.

D’où venait ce grand vent ? ce souffle d’inconnu ? La température de cette nuit de mardi gras était à la fois si humide et si molle.

II

Où roulions-nous maintenant, tassés dans l’ombre de ce fiacre extraordinairement silencieux, dont les roues, pas plus que les sabots du cheval, n’éveillaient de bruit sur le pavé de bois des rues et le macadam des avenues désertes ?

Où allions-nous le long de ces quais et de