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Page:Lorrain - Sensations et Souvenirs, 1895.djvu/16

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ne me reconnaissent pins. Comme un voile de cendre s’est établi entre eux et moi, impalpable, mais visible, et je sens qu’il s’épaissit d’heure en heure, ce voile, jusqu’à la minute où cette cendre deviendra de la nuit, et tout alors sera fini pour moi !

Qu’est devenue la vieille légende qui m’avait amusé comme un conte, troublé comme un baiser, ému comme un adieu, la vieille légende de la Vie des saints, où j’avais essayé de faire chanter l’âme d’or des cloches.

Quelle était cette Odile au passage de laquelle

Les apôtres, rangés au fond du porche sombre
Entr’ouvraient lentement leurs mains de dur granit,


cette sainte inconnue, toute lumineuse dans l’église obscure, dont l’entrée au saint lieu

Faisait d’un vol plus sur, avec de longs bruits d’ailes,
Monter dans l’azur libre où sont les hirondelles,
Les archanges debout au milieu des dragons
Et des guivres dorés aux angles des balcons !

La légende ne le dit pas, elle est d’un laconisme explicite et touchant là-dessus, la légende, elle dit :

… Odile, âme pure et blanche entre les lys.
Était humble, pieuse et naïve : à longs plis
Drapée et sans joyau sa robe était de laine.

Et c’est tout !

Et cela suffisait dans ces temps, et pour conver-