Aller au contenu

Page:Lorrain - Sensations et Souvenirs, 1895.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

apparut lumineuse et comme transparente dans le brusque bleuissement du large !

— Et dire que dans ce décor d’opéra-comique, ricanait notre hôte et lecteur Asseline, on est parfaitement exposé à croiser le spectre à demi rassurant de l’honorable Georges Selwyn !

— Comment ici, à Etretat même, entre la silhouette autrefois romantique d’Hamlet Faure et le vivant souvenir de Guy de Maupassant ?

— Mais oui, mais oui, persiflait Asseline avec un clignement d’yeux à mon adresse, il y a quelque trente ans, un homme d’allures étranges venait s’établir à Etretat, pas l’Etretat d’aujourd’hui, où les femmes se baignent en bas de soie de couleur, mais Etretat simple hameau de pêcheurs, des masures et des vergers ; et c’est dans une vraie chaumière à toit de chaume, au beau milieu d’un préau de pommiers, que s’installait notre inconnu. Mais devant les yeux s’étendaient l’horizon que voici et, tout à l’entour, de profondes cavées, les chemins creux ombragés et toujours frais, même au moment de la canicule, que forment les hauts talus, plantés de hêtres et de frênes, de ce pays.

" En pleine verdure, comme je suis ici, à mi-vallée et déjà loin de la mer, une vraie retraite d’artiste ou de grand seigneur épris de solitude.

" Aucun changement ne fut opéré par le nouveau propriétaire, l’extérieur de la chaumière demeura le même… seulement, à l’intérieur s’épanouit, dit-on,