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Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/140

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porterons. Attends donc notre message. » « J’attendrai mais revenez assez vite. » Les messagers se rendirent auprès de Matholwch. « Seigneur, » lui dirent-ils, « prépare pour Bendigeit Vran une réponse qui soit plus satisfaisante. Il ne veut rien écouter de celle que nous lui avons apportée de ta part. » ― « Hommes, » dit Matholwch ; quel est votre avis ? » « Seigneur, » répondirent-ils, « nous n’en voyons qu’un. Jamais il n’a pu tenir dans une maison. Et bien ! fais une maison assez grande pour le recevoir lui et les hommes de l’île des Forts d’un côté, toi et ton armée de l’autre. Donne-lui ton royaume pour qu’il en dispose à son gré, et fais-lui hommage. En retour de l’honneur qu’on lui aura fait en bâtissant une maison capable de le contenir, ce qu’il n’a jamais eu, il fera la paix avec toi. » Les messagers retournèrent avec ce message auprès de Bendigeit Vran. Il se décida à accepter. Tout cela se fit par le conseil de Branwen, qui voulait éviter la ruine à un pays qui lui appartenait à elle aussi.

On se mit à exécuter les conditions du traité ; on bâtit une maison haute et vaste. Mais les Gwyddyl (les Irlandais) [1] imaginèrent un stratagème : ils établirent des supports des deux côtés de chacune des cent

  1. Gwyddyl, singulier Gwyddel, est le nom que les Gallois donnent aux gens de race gaëlique (Irlandais, Écossais des hautes terres et habitants de l’île de Man). C’est le nom national de ces peuples, vieil irlandais Góidel, irl. moderne Gaedheal, qui se prononce à peu près comme Gael. On voit que ce nom n’a rien à faire avec celui de prétendus Galls qui auraient envahi la Gaule avant les non moins fabuleux Kymry.