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Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/145

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la tête. « Prenez ma tête, » leur dit-il ; « portez-la à Gwynn Vryn [1] à Llundein et enterrez-la en cet endroit le visage tourné vers la France. Vous serez longtemps en route. À Harddlech vous resterez sept ans à table, pendant que les oiseaux de Riannon chanteront pour vous. Ma tête sera pour vous une compagnie aussi agréable qu’aux meilleurs moments lorsqu’elle était sur mes épaules. À Gwales [2], en Penvro [3], vous passerez quatre-vingts ans. Jusqu’au moment où vous ouvrirez la porte qui donne sur Aber Henvelen [4], vers Kernyw, vous pourrez y séjourner

  1. ’Brynn, colline, armor. bren ; et gwynn, blanc, arm. anc. win, auj. gwen. Le féminin gallois est gwen (gwynn = vindos ; gwenn = vindā (Rhys, Lectures on Welsh Philology, 2ème éd., p 115). D’après lady Guest, ce serait la Tour de Londres. Un poète de la fin du XIIe siècle, Llywarch ab Llywelyn, plus connu sous le nom de Prydydd y Moch, en parle comme d’un lieu célèbre (Myv. arch., p. 200, col. 1).
  2. Gwales parait bien être Gresholm en Pembrokeshire (Rhys, Arthurian Legend, p. 269, 394, note).
  3. ’Penvro (mot à mot bout du pays). Le comté primitif de Pembroke (Pem-brog), paraît avoir correspondu à peu près à la hundred actuelle de Castlemartin, qui comprend deux des trois cymmwd dont se compose l’ancien cantref de Penvro, ceux de Penvro et de Maenor Byr (Manorbeer) : Cf. Egerton Phillimore Owen’s Pembrok. I, p. 153, note 3. Il y avait un autre Pembro en Cornwall : c’était le nom laïque de la paroisse de Saint-Breage.
  4. Aber Henvelen, ambassadeur. Les ms. portent Henveleu. Egerton Phillimore (Owen’s Pembrok. II, p. 410 note 42), suivant en cela John Rhys, l’identifie avec Clovelly, au nord du Devon : Clovelly pour clodd velly (gallois, clawdd (tranchée) ; hen serait l’article cornique en. Le cornique répondrait à la terminaison eu par ow ; hen est également invraisemblable pour en. Je n’ai pas hésité à lire Henvelen, à cause de deux textes où cette lecture est assurée. Taliesin (F. A. B. of Wales II, p. 153. 32) nous dit : J’ai chanté devant les enfants de Llyr à Ebyr (pluriel d’aber) Henvelen : la rime finale est en -en. De même Cynddelw, dans la seconde moitié du XIIe siècle nous parle des flots de Henvelen : Henvelen rime avec Maxen et Wryen Myv. Arch. 162. 1).