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Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/217

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de paile dorée, autour de la tête un bandeau d’or rouge rehaussé de rubis, de gemmes alternant avec des perles, et de pierres impériales ; sa ceinture était d’or rouge.

Il n’y avait pas une créature offrant un plus beau coup d’œil. La jeune fille se leva de sa chaire à son approche. Il lui jeta les bras autour du cou [1], et ils s’assirent tous les deux dans la chaire d’or qui ne parut pas plus. étroite pour eux que pour la pucelle toute seule ; il avait les bras autour du cou de la jeune fille et sa joue contre la sienne, quand il fut tiré de son sommeil : les chiens faisaient rage contre leurs laisses, les écus se heurtaient, les hampes des lances s’entrechoquaient, les chevaux hennissaient et piaffaient.

Une fois réveillé, l’empereur n’eut plus ni vie, ni repos au souvenir de la pucelle qu’il avait vue en songe. Il n’y avait pas en lui une jointure d’os, un point à l’intérieur d’un ongle, et à plus forte raison endroit plus considérable, qui ne fût entièrement pénétré de l’amour de la jeune fille. Les gens de sa maison lui dirent : « Seigneur, il est plus que temps pour toi de manger. » L’empereur remonta alors sur son palefroi et se dirigea vers Rome, plus triste que jamais homme ne l’avait paru.

  1. C’était, semble-t-il, la façon d’embrasser des Celtes. C’est ainsi que s’embrassent les deux héros irlandais Ferdiaidh et Cuchulain (O’Curry, On the manners, I, p.305).