Aller au contenu

Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du Livre de Llandav, c’est-à-dire du xie siècle[1]. Il semble, en revanche, que ces englyn représentent une orthographe assez archaïque. Le manuscrit original avait sûrement fréquemment e pour i (y) et eu, régulièrement, semble-t-il, pour ew aussi bien que eu. Il n’est pas douteux que le scribe n’ait mal interprété la graphie Lleu, nom du héros principal du mabinogi avec Gwydyon ; il l’a transformé en Llew, tandis qu’il faut sûrement lire Lleu ; il n’a pas davantage compris eu pour geu, mensonge, et l’a transformé en ev (ef)[2]. Si deulenn, dans le second englyn devait être maintenu, comme llenn (llynn) étang, lac, est féminin, on serait obligé de supposer que le scribe avait devant lui non dou, masculin, mais une forme doi, doy pour dui, duy féminin : il l’aura confondue facilement avec dou[3]. Cette forme pourrait remonter au xe-xie siècle (doy ne pourrait être que du xie).

  1. White Book, Préface, p. XII. La graphie ou du pluriel pour eu se trouve encore à la fin du xie siècle, par exemple dans les quatre vers écrits par Johannes, fils de Sulgen, évêque de Saint-David en 1071-1089 (Archæol. Camb. 1874, p. 340) ; ou dans oulodeu, représenteraient ai, ae moderne. Cette hypothèse soulève plus d’une difficulté ; il me paraît plus probable que oulodeu est à rapprocher de ovlydu, se décomposer.
  2. V. plus loin, traduction et notes critiques au texte. J’ai rectifié le texte des englyn dans ma première traduction : I, p. 331, note à la page 78, I. I7, traduction, p. 148. Cf. J. Loth, Métrique galloise, II, 1re partie, p. 227.
  3. La graphie oi pour ui existe sporadiquement en vieux gallois : loinou, buissons, pour luinou ; toimn pour tuimn, etc. L’u de la diphtongue ou avait un son voisin de u français ou y gallois du xie siècle. Il n’est guère possible à cette date de supposer une forme dialectale analogue à celle qui est en usage près de Carnarvon : deu lo, les deux mains, pour dwy lo.
    On peut, il est vrai, supposer que deu lynn est pour deu glynn et dans le vers suivant, lire : awyr a llynn (pour un plus ancien awyr ac lynn).