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Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/255

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Glewlwyt se rendit à la salle : « Y a-t-il du nouveau à la porte ? » dit Arthur.

― « Les deux tiers de ma vie sont passés ainsi que les deux tiers de la tienne. J’ai été à Kaer Se et Asse, à Sach et Salach, à Lotor et Fotor ; j’ai été à la grande Inde et à la petite ; j’étais à la bataille des deux Ynyr [1] quand les douze otages furent amenés de Llychlyn (de Scandinavie) ; j’ai été en Europe (Egrop), en Afrique, dans les îles de la Corse (Corsica), à Kaer Brythwch, Brythach et Nerthach ; j’étais là lorsque tu tuas la famille de Cleis fils de Merin ; lorsque tu tuas Mil Du, fils de Ducum ; j’étais avec toi quand tu conquis la Grèce en Orient ; j’ai été à Kaer Oeth et Anoeth [2] ; j’ai été à Kaer Nevenhyr : nous avons vu là neuf rois puissants, de beaux hommes ; eh bien ! je n’ai jamais vu personne d’aussi noble que celui qui est à la porte d’entrée en ce moment ! » ― « Si tu es venu au pas, dit Arthur, retourne en courant. Que tous ceux qui voient la lumière, qui ouvrent les yeux et les ferment, soient ses esclaves ; que les uns le servent avec des cornes montées en or, que les autres lui présentent des tranches de viandes cuites et poivrées, en attendant que sa nourriture et sa boisson soient prêtes. C’est pitié de laisser sous la pluie et le vent un homme comme celui dont tu parles. »

[3] Glewlwyt à la forte étreinte. On le trouve déjà dans le Livre noir, remplissant ses fonctions de portier, mais non, à ce qu’il semble, celles de portier d’Arthur (Skene, II, p. 50, v. 24).
[4] La légende galloise distingue deux Ynyr : Ynyr Gwent et Ynyr Llydaw ou Ynyr d’Armorique. Ynyr Gwent serait, d’après le Liber Laudavensis, p. 111, le père d’un prince Idon, contemporain de saint Teliaw. L’Ynyr armoricain serait fils du roi Alan, et neveu de Cadwaladr (Gaufrei de Monmouth, éd. San-Marte, XII, 19, écrit Iny ; Brut Tysilio, p. 475, col. 2). Taliesin célèbre les exploits d’un Ynyr (Skene, II, p. 167, v. 25 ; p. 168, v.8 et suivants ; au vers 25 le poète parle des gwystlon ou otages d’Ynyr).

[5] Au lieu de Kaer Oeth ac Anoeth, on trouve généralement Carchar (prison) Oeth ac Anoeth. D’après les Iolo mss., p. 187, après la destruction complète des envahisseurs romains par les Bretons gouvernés par Caradawc ab Bran, Manawyddan, fils du roi Llyr, fit rassembler de toutes parts leurs ossements, et en mêlant la chaux aux os, il fit une immense prison destinée à enfermer les étrangers qui envahiraient l’île, et les traîtres à la cause de la patrie. La prison était ronde ; les os les plus gros étaient en dehors ; avec les plus petits, qui étaient en dedans, il ménagea différents cachots ; il y en eut aussi sous terre spécialement destinés aux traîtres. Le Livre noir fait mention de la famille d’Oeth

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