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Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/330

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autour d’eux, ils aperçurent au loin, sur la droite, une grande fumée que le vent ne faisait pas le moins du monde dévier. « Par la main de mon ami, » dit Kei, « voilà là-bas le feu d’un aventurier [1]. » Ils se dirigèrent en toute hâte du côté de la fumée et s’en approchèrent avec beaucoup de précaution, de loin, jusqu’à ce qu’ils aperçurent Dillus Varvawc en train de cuire un sanglier. « Voilà le plus grand des aventuriers, » dit Kei, « il a toujours échappé à Arthur. » ― « Le connais-tu ? » dit Bedwyr.

― « Je le connais : c’est Dillus Varvawc. Il n’y a pas au monde de laisse à pouvoir tenir Drutwyn, le petit chien de Greit, fils d’Eri, si ce n’est une laisse faite de la barbe de l’homme que tu vois là-bas ; et elle ne servira de rien, si on ne l’extrait poil par poil de sa barbe avec des pinces de bois pendant qu’il sera en vie ; s’il était mort, le poil serait cassant. » ― « Qu’allons-nous faire alors ? » ― « Laissons-le manger tout son saoûl de cette viande ; il dormira après. » Pendant qu’il mangeait, ils firent des pinces de bois. Quand Kei fut sûr qu’il dormait, il creusa sous ses pieds un trou le plus grand du monde, lui donna un coup d’une force inimaginable et le pressa dans le trou jusqu’à ce qu’ils eurent achevé de lui enlever toute sa barbe avec les pinces de

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