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ses en vaches. (V. traduction et note.) Chacune des pommes vaut cent vaches. C’est encore la façon de compter dans les lois galloises rédigées au cours du xe siècle.

Si on rapproche ces observations des particularités archaïques de langue relevées plus haut, on arrive à placer la rédaction de ce roman dans la seconde moitié du xie ou le début du xiie siècle. On ne saurait la faire remonter plus haut. Un emprunt significatif suffirait à le prouver : au lieu de gwayw on y remarque gleif, lance, emprunté au français glaive qui avait aussi ce sens. (V. plus bas, trad., note à Kulhwch.) Or, le contact entre la civilisation française et la civilisation galloise n’a guère eu lieu avant la dernière partie du xie siècle. Il n’est pas sans intérêt de rappeler qu’Alfred Nutt (The Mabinogion, p. 342) a signalé certains points de ressemblance de Kulhwch et Olwen et aussi du Songe de Ronabwy avec des compositions irlandaises du xie siècle, comme la Destruction de la maison de dá Derga, l’Ivresse des Ulates ou hommes d’Ulster, le Festin de Bricriu. Quoiqu’il y ait dans Kulhwch des héros irlandais comme Cnychwr map Ness (Conchobar mac Nessa) et d’autres, l’influence des conteurs irlandais ne me paraît pas sensible. Il y a eu à toute époque des relations de guerre et d’amitié entre Gaëls et Brittons[1]. Elles ont été particuliè-

  1. Il y a eu des établissements de Gaëls dans l’île de Bretagne, même après l’ère chrétienne, au iiie siècle par exemple ; il y en