Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/43

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che de Branwen et celle de Manawyddan, est insignifiant entre celles de Manawyddan et de Math. On peut, à la vérité, distinguer dans le Mabinogi et ses branches, des cycles qui se sont mêlés et confondus[1] ; mais il n’y a cependant là rien de comparable au bouleversement de la plupart d’entre eux et à leur groupement au profit du seul cycle d’Arthur qui frappe dans Kulhwch. La Matière de Bretagne n’y paraît pas encore entièrement dominée par la légende arthurienne telle que nous la trouvons développée dans l’île de Bretagne et sur le continent, dans la seconde moitié du xiie siècle. Le mouvement était commencé : Kulhwch le prouve. Quoique Kulhwch ne doive rien à Gaufrei et qu’il soit antérieur à l’Historia[2], il appartient à une période caractérisée par des tendances analogues. Comme il est sûr que la rédaction de Kulhwch est au moins aussi ancienne, plus ancienne probablement que celle du Mabinogi,il n’est pas douteux que l’auteur de ce dernier cycle ne fût parfaitement au courant des traditions arthuriennes de son temps. S’il ne s’est pas laissé influencer par les tendances à la mode si puissantes à une époque d’exaltation natio-

  1. On trouvera, à ce point de vue, quelques remarques suggestives dans le travail d’Anwyl : The four branches of the Mabinogi (Zeitschrift für celtische Philologie, I, p. 277 ; II, p. 124 ; III, p. 123).
  2. Kulhwch suffit à montrer que la légende arthurienne existait avant Gaufrei. Ce dernier a pétri, taillé à sa guise une matière qu’il n’a pas inventée. Il ne faut pas nier cependant qu’il n’ait commis de véritables faux.