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aurait sauvé un lion d’un serpent, et le lion l’aurait ensuite suivi et servi.

E. Philipot[1] fait remarquer que les documents qui ont conservé le souvenir de cette aventure sont du xiiie et du xive siècles. Arthur Brown[2], d’après Paul Meyer (Chanson de la Croisade contre les Albigeois, II, p. 378-380) constate que l’aventure de Gonfier se trouve dans une chronique de 1188, et qu’elle a pu être connue assez tôt pour être accessible à Chrétien. Il ne faut pas oublier cependant, comme l’a justement dit Philipot, que le héros est du Midi. De plus, ce thème du lion serviteur de l’homme est fort répandu. On en a des exemples dans des vies de saints anciennes. Arthur Brown renvoie pour le lion sauvé du serpent et suivant son sauveur à Holland (Chrétien von Troie, pp. 161-164), à Guy de Warwick (éd. Zupitza), au Roman de Hum. Enfin dans un opuscule postérieur à son Ivain (The knight of the lion, p. 688), Brown lui-même signale dans le morceau irlandais Tochmarc Emere (Recherche en mariage d’Emer) qui est antérieur à 1050, le rôle important joué par un lion (un animal semblable à un lion). Il n’est donc pas le moins du monde établi que l’épisode du lion soit de source française.

Les versions galloises paraissent plus simples dans l’ensemble, moins chargées d’épisodes que

  1. Le roman du chevalier au lion (Annales de Bretagne, VIII, p. 56).
  2. Yvain, p. 132, note 3.