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Page:Loth - Mabinogion, tome 1.djvu/75

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de Poitiers. La famille de Poitiers a été longtemps en relations étroites avec la famille royale d’Angleterre. Miss Jessie L. Weston suppose qu’il s’agit plus spécialement de Guillaume III qui mourut en 1137. D’après le témoignage d’autres manuscrits qui, il est vrai, ne mentionnent pas Bleheris, la transmission se serait faite par écrit, et non oralement. Si l’on acceptait à la lettre l’assertion de Wauchier, il en résulterait que la transmission de la matière de Bretagne, pour un poème important, se serait faite directement d’un Gallois à un Français, par écrit, et qu’en outre, ce que j’ai d’ailleurs établi plus haut à propos de Kulhwch, il a existé des romans arthuriens gallois avant Thomas et Chrétien.

Wauchier qui écrivait, si on admet la date fixée par Jessie L. Weston à l’existence de Bleheris[1], plus d’un demi-siècle après son auteur, n’est probablement pas plus sincère ou mieux renseigné que Thomas. Il est de toute évidence que l’œuvre de Wauchier repose sur une source française : la forme des noms, les mœurs, tout le prouve. Que cette source française remonte pour une part importante à un certain Bledri qui a même été en relations avec un comte de la maison de Poitiers, c’est possible. En tout cas, si Jessie L. Weston s’exagère la valeur de ce témoignage, il n’en est pas moins digne de remarque.

  1. Sur l’identité de Bledri, v. Revue Celtique, 1911, p.5 et 1912.