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Page:Loth - Mabinogion, tome 2.djvu/34

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OWEN ET LUNET OU LA DAME DE LA FONTAINE

songea alors au départ, et envoya des messagers à la dame pour lui demander de laisser Owein venir avec lui, afin de le montrer aux gentilshommes et aux dames de l’île de Bretagne pendant trois mois. La dame le permit malgré la peine qu’elle en éprouvait. Owein alla avec Arthur dans l’île de Bretagne. Une fois arrivé au milieu de ses compatriotes et de ses compagnons de festins, il resta trois années au lieu de trois mois.

Owein se trouvait, un jour, à table à Kaer Llion sur Wysc, lorsqu’une jeune fille se présenta (1), montée sur un cheval brun, à la crinière frisée ; elle le tenait par la crinière. Elle était vêtue de paile jaune. La bride et tout ce qu’on apercevait de la selle était d’or. Elle s’avança en face d’0vein, et lui enleva la bague qu’il avait au doigt (2). C'est ainsi qu’on traite, » dit-elle, « un trompeur, un traître sans parole ; honte sur la barbe (3) ! » Elle tourna bride et sortit. Le souvenir de son expédition revint à Owein, et il fut pris de tristesse. Le repas terminé, il se rendit à son logis, et y passa la nuit dans les soucis.

(1) Il y a de nombreux exemples de gens entrant à cheval dans la salle pendant que le seigneur et ses hôtes sont à table ; Lady Guest cite à l’appui un passage intéressant de Chaucer tiré du conte de Cambuscan (10, 390 ; 10, 401).

(2) Cet anneau dans le Chevalier au Lion de Chrestien, est celui que la femme d’Yvain (Owein) lui a donné en partant : il rend invulnérable tant qu’on aime sa dame.

(3) Cette expression constituait un outrage si grave chez les Gallois qu’elle entraînait le divorce si une femme l’adressait à son mari : c’était un des trois cas de rupture ipso facto.