Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/11

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maisonnette en ville et un petit bien de campagne où il y avait des orangers et des champs de roses ; apparentés, du reste, dans tout ce coin de France, avec des gens plus riches qu’eux, qui étaient des propriétaires ou des « parfumeurs » et qui les dédaignaient un peu. Ils étaient, ces Berny, une très nombreuse famille du pays, non croisée de sang étranger au moins depuis l’époque sarrazine, et leur type provençal avait pu se maintenir très pur. Depuis deux générations, ils faisaient partie de la bourgeoisie d’Antibes. Parmi leurs ascendants, quelques « capitaines marins » avaient couru la grande aventure du côté de Bourbon et des Indes ; aussi des hérédités, inquiétantes pour les mères, se révélaient-elles parfois chez les garçons.

À pas lents et religieux, tout en suivant le petit ange brun aux ailes de pigeon blanc, la mère veuve songeait beaucoup, et une préoccupation déjà troublait sa joie de le regarder. Oh ! pourquoi l’im-