Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/116

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Plus loin, un chœur chantait une chanson alerte, en couplets, où le nom du « Vieux Neptune, roi des eaux » revenait sans cesse au refrain léger.

Les Bretons contaient une chose de brume et de nuit, dont le début confus avait d’abord échappé à Jean. Il s’agissait d’un mystérieux brick désemparé et sans équipage, rencontré dans la Manche sur la fin d’un crépuscule d’hiver ; sorte de grande épave, où l’on hésitait à monter, par peur d’y trouver des hommes morts.

Les Basques, dans le groupe tout voisin, se faisaient part d’une aventure de guerre, à l’ardent soleil, sur les sables du Dahomey.

Dans la tête un peu ensommeillée de Jean, se croisaient et se mêlaient les deux histoires, d’ailleurs également enfantines et sauvages. Et le chœur, à petite distance, persistait à embrouiller le tout dans la chanson gaie du « Vieux Neptune » : on est forcément si près les uns des autres, à bord des navires, pendant l’entassement des soirs.

— « Enfin, — disait Le Marec qui avait été dans son enfance un pêcheur de Binic,