Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/119

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la nuque… Mais c’est qu’il n’en voulait plus, l’autre, à présent que c’était commencé… oh ! ce qu’il criait, mes fils !… Et l’amazone remuait ses dents — comme ça, tiens ! — sans doute pour dire qu’elle était contente… Eh bien ! vous me croirez si vous voulez, mais il n’a pas pu en venir à bout, avec son sabre d’ordonnance, tant il était mal affûté ! Et, pour finir, il a été obligé de sortir de sa poche un petit couteau de six sous, que je lui avais donné en cadeau, moi, dans les temps, chez la mère Virginie, au bazar de Gorée. »

Tandis qu’ils s’égayaient, les écouteurs, à cette manière de s’y prendre pour finir de couper un cou, leurs voisins les Bretons demeuraient obscurément songeurs, à l’idée de cette épave et de ce bouc noir… Et Jean qui, sur la fin des deux récits, avait tendu l’oreille à droite et à gauche, souriait de ces enfantillages barbares ; la chanson joyeuse du « Vieux Neptune » lui communiquait d’ailleurs son irrésistible légèreté gaie. Jamais encore il n’avait été si complètement matelot que ce soir. Ses préoccupations d’avenir, chaque jour plus