Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/151

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Il chercha des yeux la fille qu’on appelait Madeleine, amusé de connaître son petit nom avant de l’avoir vue… Déjà passée et s’éloignant d’un pas rapide, elle se retourna pour montrer qu’elle avait bien à la main ce sac de cuir, — et le peu que Jean put apercevoir, en une seconde, de son profil perdu, lui sembla exquis.

Alors, dans le flot des arrivants qui s’éparpillait sur l’avenue, il la suivit, l’enveloppant d’un regard tout de suite attentif : même vue ainsi, par derrière, elle restait charmante, la taille svelte et souple, la nuque très jolie, la mise gentille, simple et presque distinguée.

D’un coup d’œil, il inspectait aussi les parents : de tout petits bourgeois, ou au moins des artisans à leur aise, un milieu évidemment inaccessible pour lui, matelot de passage, n’épousant point.

Tout de même, il pressa le pas, pour les dépasser et revoir ce visage de jeune fille, souhaitant d’ailleurs et espérant beaucoup une déception, à l’examiner de plus près. Quand une figure, à peine entrevue sur notre chemin et impossible à