Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/153

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de contour. Dans cette figure, ce qu’il y avait de rare et d’attirant tout de suite, c’était une simplicité absolue de lignes et de couleurs. Les traits semblaient avoir été moulés par une main sobre et sûre d’elle-même, désireuse d’indiquer une forme noble avec le moins de détails possible ; les courbes, à la fois inhésitantes et douces, des joues et du cou, paraissaient être venues d’un seul jet, sans qu’une retouche y eût été nécessaire. On avait ensuite laissé tout d’une uniforme pâleur rosée d’hortensia, qui devait être la nuance même de cette pâte transparente dans laquelle la tête avait été coulée. De plus, le blond des cheveux, atténué de cendre, complétait une harmonie de teintes discrètes, distinguées, comme lointaines. Et le calme presque irréel de l’ensemble faisait ressortir la vie de ces yeux roux, qui brillaient, tout jeunes et volontaires, dans leur retrait profond, sous le froncement des longs sourcils.

Il se mit à marcher plus doucement, pour se laisser dépasser à son tour et la revoir encore.