Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/161

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XXXIII


— « Mon père ?… Il était adjudant de marine. Mais il est retraité à présent… » — répondait, un autre soir, sous les mêmes tilleuls solitaires, la même jeune voix grave.

— « Et votre maman, — vous avez aussi votre maman ? » (Il lui parlait toujours comme à un enfant, mais avec un respect absolu, sans un mot amoureux.)

— « Oh ! oui ! — et puis ma tante Mélanie qui habite avec nous… Le soir où nous revenions de la gare, elle était derrière moi, avec un chapeau gris, vous ne vous rappelez pas ? »

Après une minute de silence, elle reprit, anxieuse, intimidée, abaissant ses yeux froncés et s’appliquant, comme à une tâche utile, à frapper l’un après l’autre, de la pointe de son pied, chacun de ces pavés entourés d’herbe triste :