Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/19

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Les classes venaient de finir ; les externes étaient sortis, les autres s’amusaient dans une cour éloignée. Lui, Jean, qui faisait partie du tout petit nombre des pensionnaires, dans ce collège provençal de Maristes, jouissait ce soir d’une liberté de faveur, parce que, le jour même, son nom avait paru à l’Officiel : Jean Berny, admissible à l’école navale !… Et il s’était isolé dans cette salle d’étude, pour réfléchir à la grande nouvelle qui ouvrait devant lui l’aventureux avenir…

Elle avait fait l’abandon de tous ses chers projets, sa mère, cela va sans dire ; elle avait consenti, puisqu’il le voulait, à le laisser entrer dans cette marine si redoutée, et, la chose une fois admise, elle s’était imposé, pour qu’au moins il réussit, des privations constantes et extrêmes.

Admissible au Borda ! Il avait pourtant bien flâné, bien perdu son temps en enfantillages de toutes sortes, d’un bout à l’autre de ses années de collège, — pendant que la maman et le grand-père là-bas, et aussi l’humble Miette, économi-