Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/194

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dans son existence. Elle était enfin écrite et partie, cette lettre pour Madeleine, qui depuis si longtemps le torturait à ses réveils. Dans sa tête déjà touchée par les influences mortelles de l’air, la petite figure délicieuse avait peu à peu pris une place souveraine ; il en était venu, à force de solitude et de nostalgie, à vivre dans un tel rêve de France, et de France avec elle, qu’il avait tout admis, qu’il s’était résolu à cette seule chose possible : l’épouser. Cela compliquerait l’avenir, assurément ; cela rendrait bien plus difficile ce retour à Antibes — qui restait le but de sa vie, malgré des défaillances et des oublis dans le plan d’exécution… Mais, une fois qu’elle serait là-bas en Provence, se douterait-on jamais de son passé d’ouvrière, quand on la verrait si jolie, si distinguée, si charmante à son bras…

Ce qui l’épouvantait depuis quelque