Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/211

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Le Marec surtout et Joal lui consacraient leurs heures de repos. Il les aimait bien, il les remerciait, il se laissait parfois distraire par eux, et il trouvait à leurs vêtements de toile la bonne senteur du plein air d’en haut… Mais comme elles comptaient pour peu de chose, à l’approche de la grande fin, ces affections-là !… Oh ! non, c’était sa mère qui résumait tout et qui était tout ; sa mère, qu’il appelait du fond de l’âme, et après qui il languissait affreusement…

Et toujours pas de brise !… Toujours le calme inerte, toujours l’accablante buée chaude où s’en allaient, s’en allaient ses forces, comme dans un bain maure trop prolongé. À côté de lui, d’autres malades déclinaient aussi, petits soldats de vingt ans, rongés de dysenterie, aux figures terreuses et aux corps de squelettes…

Indéfiniment se prolongeait pour eux ce supplice imprévu, d’être bercés sur place, de ne pas avancer.