Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/222

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beau spectacle magique dont sa tête au déclin s’émerveillait encore. La fraîcheur délicieuse de la nuit, qui vivifiait les autres, hâtait en lui la désorganisation mortelle. Dans sa poitrine, dans ses entrailles, dans ses membres, une sourde anxiété commença, et devint tout de suite de l’angoisse.

Puis ses jambes et ses bras se prirent d’une inertie atroce, avec un fourmillement profond, comme quand on s’est engourdi dans une position fausse ; et cela gagnait, gagnait, d’abord les reins, puis le thorax, puis le cou ; cela semblait une mort progressive, qui montait par étapes, vers la tête encore pensante et lucide ; cela vint jusqu’aux lèvres qui se crispèrent, et, quand il voulut appeler à son secours les amis qui chantaient, sa bouche demeura roidie et fermée ; un son sortit seulement, inarticulé, affreusement triste à entendre.

Ils eurent peur de ce pauvre cri de dé-