Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/239

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La grande fureur aveugle allait finir, sans raison comme elle avait commencé ; les lames, avec des airs de fatigue, retombaient les unes sur les autres, s’affaissaient en désordre, démontées par une houle plus ancienne qui arrivait d’ailleurs.

Les deux grands albatros, qu’on avait cessé de voir pendant le coup de vent, étaient revenus, accompagnés de toute une suite tournoyante de pétrels gris et de malamoks noirs, qui criaient, avec des sons de vieille ferrure, leur faim insatiable.

Et le vent se taisait ; on commençait à s’entendre parler comme à l’ordinaire ; dans une paix relative, les choses à bord reprenaient leur cours, les panneaux fermés se rouvraient.

Après-midi, le vent tombant toujours, l’ordre se trouvait à peu près rétabli partout. La Saône tendait de nouveau ses ailes blanches, qu’elle avait si péniblement repliées, — et les matelots retrouvaient le temps de penser à celui qui s’en était allé pendant la grande tourmente, les amis de Jean commençaient à se souvenir tristement de lui.