Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/40

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dans le jardin à l’abandon, envahi par la poussée des chrysanthèmes et des astères d’automne, il demeurait enfermé, des heures, entre les murs gris peuplés de lézards, tandis que les oranges jaunissaient au soleil d’octobre. Avec l’été, allait finir son enfance ; avec la splendeur de ce soleil, déjà déclinant et mélancolique, allait s’enfuir son passé d’insouciance heureuse ; — et il sentait cela douloureusement, avec une impression inconnue de regret et d’effroi…

En cette attente de départ son esprit ne se fixait à rien de suivi ni de précis, mais flottait de plus en plus dans le rêve des lointains. Il lisait aussi, pendant ses longues flâneries prêtes à finir, — et le choix des livres ou plutôt des passages de livres, qui avaient, à l’exclusion dédaigneuse de tous les autres, le pouvoir de le charmer, indiquaient, comme d’ailleurs son profil pur et ses longs yeux, de diffuses hérédités orientales. Il était un mélange d’irréductible enfantillage, d’exubérance physique, de simplicité rude — et d’inconsciente et insondable poésie. Au hasard