Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/48

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tres études, son plan d’avenir était un des plus acceptables, et les années de matelot passeraient, s’oublieraient vite.

Il calculait, lui : dans deux ans, je m’engagerai dans la Flotte ; trois ans après, je puis être reçu capitaine au long cours ; dans cinq ans je gagnerai ma vie et je leur viendrai en aide à tous deux ; la joie rentrera chez nous et tout sera oublié. Plein de bonnes résolutions de travail et de sagesse, il avait repris sa gaieté imprévoyante, ses enfantillages et son rire.

Du reste, il ne sortait plus jamais qu’avec eux. Ces derniers soirs, tous trois se promenaient ensemble, bien corrects dans leurs plus beaux habits, comme pour protester, par leur tenue, aux yeux des gens qui les voyaient passer : le vieux grand-père, de nouveau bien droit, soigné et brossé ; Jean, vêtu de son élégant costume anglais, que bientôt il ne porterait plus, bien ganté et donnant le bras à sa mère, comme un grand jeune homme sérieux.