Page:Loti, Matelot (illustration de Myrbach), 1893.djvu/69

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Jean !… » sur un ton qui lui glaça le cœur, — un ton qui lui rappelait tout à coup celui dont elle l’avait accueilli le jour de son refus à l’école navale.

— « Grand-père ?… — demanda-t-il, à voix basse et suppliante, redevenu de dix années plus jeune, presque petit enfant. — Où est grand-père ? »

Au gémissement qui lui répondit, il comprit tout… Sa mère descendait, l’ayant entendu ; ils se rencontrèrent dans l’escalier et se tinrent embrassés longuement, — et elle pleurait, sans rien lui dire, voyant bien qu’il avait déjà interrogé Miette, et qu’il savait…

La tête bruissante comme après un grand choc, il entra avec sa mère dans leur petit salon du premier étage. Un homme de vilain aspect était là, avec une redingote noire luisante, et, sur la table des couverts d’argent s’étalaient, appareillés deux par deux :

« Eh ! bien, prenez-les à ce prix-là, monsieur, » dit la mère, pressée à présent d’en finir avec un marchandage commencé.