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deux m’entourent de tant d’amour, que j’oublie le passé et les ingrats, — un peu aussi les absents…


VI

Peu à peu, de modeste qu’elle était, la maison d’Arif-Effendi est devenue luxueuse : des tapis de Perse, des portières de Smyrne, des faïences, des armes. Tous ces objets sont venus un par un, non sans peine, et ce mode de recrutement leur donne plus de charme.

La roulette a fourni des tentures de satin bleu brodé de roses rouges, défroques du sérail ; et les murailles, qui jadis étaient nues, sont aujourd’hui tapissées de soie. Ce luxe, caché dans une masure isolée, semble une vision fantastique.

Aziyadé aussi apporte chaque soir quelque objet nouveau ; la maison d’Abeddin-Effendi est un capharnaüm rempli de vieilles choses précieuses, et les femmes ont le droit, dit-elle, de faire des emprunts aux réserves de leurs maîtres.

Elle reprendra tout cela quand le rêve sera fini, et ce qui est à moi sera vendu.