Page:Loti - Aziyadé.djvu/157

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Béhidjé-hanum. Son appartement, qui déjà surplombe des précipices, porte deux shaknisirs en saillie, soigneusement grillés de lattes de frêne.

De là, on domine d’aplomb les quartiers de Foundoucli, les palais de Dolma-Bagtché et de Tchéraghan, la pointe du Sérail, le Bosphore, le Deerhound, pareil à une coquille de noix posée sur une nappe bleue, — et puis Scutari et toute la côte d’Asie.

Béhidjé-hanum passe ses journées à cet observatoire, étendue sur un fauteuil, et Aziyadé est souvent à ses pieds, — Aziyadé attentive au moindre signe de sa vieille amie, et dévorant ses paroles comme les arrêts divins d’un oracle.

C’est une anomalie que l’intimité de la jeune femme obscure et de la vieille cadine, rigide et fière, de noble souche et de grande maison.

Béhidjé-hanum ne m’est connue que par ouï-dire : les infidèles ne sont point admis dans sa demeure.

Elle est belle encore, affirme Aziyadé, malgré ses quatre-vingts ans, « belle comme les beaux soirs d’hiver ».

Et, chaque fois qu’Aziyadé m’exprime quelque