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Quand ma toilette fut achevée, je me décidai à prêter main-forte à mon ami, et j’entrai dans sa chambre.

Une dame kédi était en effet postée sur l’oreiller de Samuel, tout au milieu. C’était une personne de beaucoup d’embonpoint, revêtue d’une belle pelure jaune. Avec un air de dignité et de triomphe, assise sur son innommable, elle contemplait tour à tour Samuel immobile, et ses petits qui s’ébattaient sur la couverture.

Samuel, assis dans un coin, tombant de sommeil, assistait à cette scène de famille dans une attitude de consternation résignée ; il attendait que je vinsse à son secours.

Cette madame Kédi m’était inconnue. Elle ne fit aucune difficulté cependant pour se laisser prendre à mon cou et porter dehors avec ses enfants. Après quoi, Samuel, ayant soigneusement épousseté sa couverture, fit mine de s’aller coucher.

Je ne devais point rentrer cette nuit-là. J’arrivai à l’improviste à deux heures du matin.

Samuel avait ouvert toute grande la fenêtre de sa chambre, et disposé des cordes sur lesquelles il avait étendu ses couvertures, afin de