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embrasures massives apparaissaient des jeunes filles, vêtues comme des Parisiennes, qui jetaient aux musiciens des piastres de cuivre.

Ce fut bien pis quand nous arrivâmes à Galata ; jamais, dans aucun pays du monde, il ne fut donné d’ouïr un vacarme plus discordant, ni de contempler un spectacle plus misérable.

C’était un grouillement cosmopolite inimaginable, dans lequel dominait en grande majorité l’élément grec. L’immonde population grecque affluait en masses compactes ; il en sortait de toutes les ruelles de prostitution, de tous les estaminets, de toutes les tavernes. Impossible de se figurer tout ce qu’il y avait là d’hommes et de femmes ivres, tout ce qu’on y entendait de braillements avinés, de cris écœurants.

Et quelques bons musulmans s’y trouvaient aussi, venus pour rire tranquillement aux dépens des infidèles, pour voir comment ces chrétiens du Levant sur le sort desquels on a attendri l’Europe, par de si pathétiques discours, célébraient la naissance de leur prophète.

Tous ces hommes qui avaient si grande peur d’être obligés d’aller se battre comme des Turcs,