Page:Loti - Aziyadé.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La place du Sultan-Sélim est entourée d’une antique muraille, dans laquelle s’ouvrent de loin en loin des portes ogivales. Les promeneurs y sont rares, et quelques tombes s’y abritent sous des cyprès ; on est là en bon quartier turc, et on peut aisément s’y tromper de deux siècles.

— Moi, disait Achmet d’un air frondeur, je sais bien ce que je ferai, Loti, quand tu seras parti : je mènerai joyeuse vie et je me griserai tous les jours ; un joueur d’orgue me suivra, et me fera de la musique du matin jusqu’au soir. Je mangerai mon argent, mais cela m’est égal (zarar yok). Je suis comme Aziyadé, quand tu seras parti, ce sera fini aussi de ton Achmet.

Et il fallut lui faire jurer d’être sage ; ce qui ne fut point une facile affaire.

— Veux-tu, dit-il, me faire aussi un serment, Loti ? Quand tu seras marié et que tu seras riche, tu viendras me chercher, et je serai là-bas ton domestique. Tu ne me payeras pas plus qu’à Stamboul, mais je serai près de toi, et c’est tout ce que je demande.

Je promis à Achmet de lui donner place sous mon toit, et de lui confier mes petits enfants.