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cigognes, et l’heure s’en était allée sans que j’en eusse conscience.

Les impossibilités étaient entassées comme à plaisir entre cette jeune femme et moi ; impossibilité d’échanger avec elle une pensée, de lui parler ni de lui écrire ; défense de quitter le bord après six heures du soir, et autrement qu’en armes ; départ probable avant huit jours pour ne jamais revenir, et, par dessus tout, les farouches surveillances des harems.

Je regardai s’éloigner les derniers canots anglais, le soleil près de disparaître, et je m’assis irrésolu sous la tente d’un café turc.


VII

Un attroupement fut aussitôt formé autour de moi ; c’était une bande de ces hommes qui vivent à la belle étoile sur les quais de Salonique, bateliers ou portefaix, qui désiraient savoir pourquoi j’étais resté à terre et attendaient là, dans l’espoir que peut-être j’aurais besoin de leurs services.

Dans ce groupe de Macédoniens, je remarquai un homme qui avait une drôle de barbe, séparée en