Page:Loti - Aziyadé.djvu/184

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rant d’une suave mélodie, qui s’est plongé dans cette rêverie qui n’est pas la pensée, qui est plus que la sensation, et qu’aucun mot n’exprime ?

Qu’est-ce donc que le plaisir de voir passer des figures vulgaires sur lesquelles sont peintes toutes les nuances de la sottise, des corps mal proportionnés, emprisonnés dans des culottes ou des habits noirs, tout cela grouillant sur des pavés boueux, autour de murailles sales, de boîtes à fenêtre et de boutiques ?

Votre imagination se resserre et la pensée se fige dans votre cerveau…

Quelle impression causera sur vous la conversation de ceux qui vous entourent, s’il n’y a pas harmonie entre vos pensées et celles qu’ils expriment ?

Si votre pensée s’élance dans l’espace et dans le temps ; si elle embrasse l’infinie simultanéité des faits qui se passent sur toute la surface de la terre, qui n’est qu’une planète tournant autour du soleil, — qui n’est lui-même qu’un centre particulier au milieu de l’espace ; si vous songez que cet infini simultané n’est qu’un instant de l’éternité, qui est un autre infini, que tout cela vous apparaît différemment, suivant le point de vue où vous vous