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XLI

LOTI À PLUMKETT

Vous avais-je dit, mon cher ami, que j’étais malheureux ? Je ne le crois pas, et assurément, si je vous ai dit cela, j’ai dû me tromper. Je rentrais ce soir chez moi en me disant, au contraire, que j’étais un des heureux de ce monde, et que ce monde aussi était bien beau. Je rentrais à cheval par une belle après-midi de janvier ; le soleil couchant dorait les cyprès noirs, les vieilles murailles crénelées de Stamboul, et le toit de ma case ignorée, où Aziyadé m’attendait.

Un brasier réchauffait ma chambre, très parfumée d’essence de roses. — Je tirai le verrou de ma porte et m’assis les jambes croisées, position dont vous ignorez le charme. Mon domestique Achmet prépara deux narguilhés, l’un pour moi, l’autre pour lui-même, et posa à mes pieds un plateau de cuivre où brûlait une pastille du sérail.

Aziyadé entonna d’une voix grave la chanson des djinns, en frappant sur un tambour chargé de